jueves

EXILIOS

LETTRES D'EXIL

"Profession : écrivain . Lieu de Résidence : ailleurs ".

"L'écrivain exilié est l'homme de la rupture, puis l'être du doute. Victime de la rupture entre les mondes d'origine et d'asile, hanté par le doute de son existence et de son oeuvre, il replante toutes ses racines dans son écriture, tous ses pertes dans sa création ".
(...)
"Un écrivain appartient à l'Univers entier, son intégration est de l'ordre des niveaux apparents "
Le Huu Khoa

PAROLES D'EXIL

Cinq écrivains de quatre continents dialoguent et rendent compte de leurs expériences respectives.Même si tous ne se reconnaissent pas dans le terme d' "exilié ", tous ont quelque chose à dire sur le déracinement, le choix du pays d'accueil, l'instalation et l'existence en France, les raisons de leur départ, leur rapport avec la littérature, avec le pays d'origine, leur identité d'écrivain expatrié, l'evolution de leur vie et de leur oeuvre...

Revue : Hommes/Migrations, " Paroles d'exil ", París, No.1142-1143,
127 pages.

Ecrivain exilé : Un homme déchiré presque de nulle part.Un homme qui vit collé à ses souvenirs suspendu à ses espoirs ". Le H. KHOA.

"Une plainte peut s'étoiler sur sa terre d'origine et trouver ailleurs une terre plus favorable ". Linda Lé, écrivain, Vietnam.

"Je ne suis pas ni roumain, ni français, ni exilé, je suis écrivain".
Bujor Nedelcovici, écrivain roumain.

"Je sers beaucoup plus l'Afrique en étant ici que si j'étaits là-bas".
Paul Dakeyo, écrivain Camerounais.

"Même si je suis en France, je suis à l'écoute de ce qui se passe en Algérie ".
Rabah Belamri, écrivain et conteur Algerien.

"L'exil, je le prends comme un défi, pas comme une nostalgie ".
Olver Gilberto De León, Critique Littéraire, Uruguay.

LES RAISONS DE L'EXIL
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Olver Gilberto De León

J'ai choisi la France, j'y réside depuis dix-sept ans. En juin 1973, dans mon pays d'origine, l'Uruguay il a eu un coup d'Etat militaire.
(...)

A cause de ce coup d'Etat, ma situation devenait dangereuse. Je suis arrivé ici en ne parlant que quelques mots de français appris dans le secondaire. Mais j'avais quand même un atout : l'Uruguay est un pays très francophone, c'est par exemple le seul pays d'Amérique Latine qu'on enseigne quatre heures par semaine dans la secondaire les élements de la culture et de la langue françaises. Donc la France, pour moi, n'était pas un pays trop étranger. C'était sovent en France que les étudiants uruguayens finissaient leurs études. Mais mon adaptation entre 1973 et 1976 fut tout de même très dure car il fallut tout recommencer...

LA FRANCE, ENTRE IMAGINAIRE ET REALITE

Olver Gilberto De León
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L'ECRIVAIN, SON PAYS ET SON D'ORIGINE
O.G. DE . L.

"En 1976, c'est-à-dire, deux ans et demi après mon arrivée en France, j'ai eu la chance d'être admis comme Enseignant à l'Université (Paris IV). A partir de ce moment-là, je frequentais les milieux universitaires, des écrivains latino-américaines, des intellectuels exilés, des Argentins, des Chiliens, qui arrivaient en France. Dans ce milieux, c'était moins difficile.

Mais je me suis rendu compte que je ne pouvais plus retourner dans mon pays. C'était évident. Alors je me suis dit : "L'exil je le prends comme un défi, pas comme une nostalgie, pas pour me
plaindre.
"(...)
J'ai commencé à aider des gens qui venaient de mon continent et de mon pays. Je me sentais donc utile. J'avais acquis de l'experience, je m'étais bien adapté.Je n'ai jamais renié mes racines et je ne le ferai jamais.

TITRE DE SEJOUR ET PASSEPORT DE L'ECRIVAIN
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Olver Gilberto De León

Pour les Latinoaméricaines, c'était différent car ils ils étaient des exilés politiques. Dans mon cas, entre 1973 et 1985, j'étais exilé mais jamais eu de titre de séjour de refugié. J'avais una carte de séjour normale et en 1982 j'ai eu mon passeport français. Mais je me considérais comme exilé parce que je ne pouvais pas rentrer dans mon pays. A partir de 1985, je ne me suis plus consideré comme exilé en France, car je pouvais rentrer dans mon pays, l'Uruguay. J'y suis allé d'ailleurs plusiers fois au cours de ces dernières années.

... ET LE RETOUR ?

Je suis rentré au pays en 1985, je ne voulais pas repartir mais la réalité m'a fait revenir en France pour continuer mon travail; ça a été difficile car je ne savais pas quoi faire. J'ai continué à écrire, à éditer, à élever ma famille, à voir mes amis. J'ai eu un passage à vide comme jamais je n'en avais eu dans ma vie. Beaucoup de Latino-américains ont eu ce problème, je me sentais
étranger dans mon pays, un exilé intérieur, disons. Finalement, j'ai trouvé une solution d'équilibre: je reste deux mois par an en Uruguay, pour aider les gens, avoir des échanges, en même temps voir ma famille et je travaille en France. C'est une solution que j'ai adoptée, je me sens bien depuis.

L'EXIL PAR RAPPORT A L'OEUVRE
(...)

Olver Gilberto De León

La création littéraire dont nous parlons ici, celle d'ailleurs, celle de la déchirure, de la nostalgie, des problèmes d'intégration, est à présent un sujet presque d'étude. Notre exil, à mon avis, et d'une certaine manière, c'est fini. Pour le pays du sud de l'Amérique Latine, cette problématique de l'exil tend à disparaître.

L 'EXIL ET L'IDENTITE DE L'ECRIVAIN
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Olver Gilberto De León

Chaque fois que je publié un livre ayant un rapport avec l'Amérique Latine, je me sens heureux, car pour moi c'est une réafirmation de mon identité, de moi même, d'où je viens.
(...)
On trouve toujours les écrivains dans un exil intérieur, dans une prision métaphysique qu'eux-mêmes ont élaboré pour pouvoir écrire, pour pouvoir créer, pour faire d'eux mêmes une utopie.
L'écrivain c'est le miroir, l'utopie, l'identité, l'exil métaphysique, l'exil volontaire, l'exil poussé par des dictateurs ou des raisons économiques.

L'EXIL, L'ECRITURE ET LA POLITIQUE
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Olver Gilberto De León

Le rapport entre la littérature et la societé, l'engagement politique, c'est le centre, l'orage de toute littérature latino-américaine des années quarante à nous jours. Il existe une 60 d'oeuvres, une treintaine d'écrivains, qui ont su très bien - en faisant une synthèse très importante et très profonde - , ne pas oublier les problèmes qui les entourent et trouver un langage prope. Ce qui ne veut pas dire que dans toute la littérature latino-américaine on retrouve un même ton politique. Tout au contraire, beaucoup d'écrivains intègrent la politique, mais avec de l'humour. Des romans, des nouvelles ou des poésies qui ont un rapport avec la réalité quotidienne et sociale de l'Amérque Latine, ne mettent pas pour autant de côté la recherche esthétique, la qualité de l'écriture, la création littéraire.
(...)

Moi aussi, l'exil m'a beaucoup enrichi. Je crois avoir apporté beaucoup à la France, à mes étudiants, avec ces livres de critique littéraires, anthologies, et ce que j'ai publié et faire publié.
Et aussi, j'ai appris beaucoup de choses ici, j'ai mùri, je me sens bien et en même temps je pense toujours a mon continent: ce n'est la déchirure, c'est toujours le défi.

Revue: HOMMES & MIGRATIONS, "Lettres d'exil", avril-mai, 1991,
Paris, Numeros 1142-1943, 127 pages

JOSE ARTIGAS, ATAHUALPA YUPANQUI, JUAN CARLOS ONETTI, SE FUERON YENDO EN SILENCIO, EN UN EXILIO SIN TIEMPO.

Olver Gilberto De León

1 comentario:

Anónimo dijo...

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